Prétentieuse... ?


Partie 1/3

J'ai toujours trouvé que les personnes qui partageaient leur expérience en tant que personnes à haut potentiel intellectuel (HPI) semblaient prétentieuses, à parler des autres comme des personnes lentes, à côté de la plaque, qui ne comprennent rien à rien. Alors que les HPI, eux, dans leur grande intelligence, comprenaient tout sans même réfléchir.
Ouais, je trouvais ça terriblement prétentieux. Mais aussi terriblement vrai.

Au moment où j'écris cet article, je suis encore loin de mon bilan de potentiel intellectuel et de savoir si, oui ou non, je suis HPI, juste dans la norme ou carrément en déficit. Je dois dire que je ne me suis jamais pensée HPI, bien au contraire. À côté de la plaque et éprouvant toutes les difficultés du monde à aboutir une formation, certainement. Et je dois dire qu'aujourd'hui encore, j'ai de gros doutes.
Cependant, suite aux suspicions émises par la psy qui m'a fait mon diagnostic de syndrome d'Asperger (SA) et celles de deux autres personnes aspie et HPI qui me disaient que mon ressenti était davantage typique HPI que SA, je me suis penchée sur la question, me renseignant sur ce qui caractérise les HPI. 

Je suis tombée sur de nombreuses sources - livres et sites - qui expliquaient que les HPI sont généralement sujets à des dépressions, une hyperactivité, une hypersensibilité, une hyperémotivité, une anxiété élevée, qu'ils ont un fonctionnement de pensée en arborescence, vivent des échecs scolaires, des difficultés d'intégration sociale, etc.
Certains de ces points me correspondent effectivement, mais je les rattache davantage au SA qu'à un HPI, d'autant que d'autres sources mettaient en évidence le fait que ces caractéristiques ne seraient que des idées reçues mises en évidence par psychologues qui ne rencontre que des personnes surdouées qui rencontrent effectivement des problèmes dans leur vie et allaient consulter. Découvrant leur haut potentiel intellectuel, ils étaient alors pris comme référence pour lister les caractéristiques des HPI.

Or, il semblerait que, même s'il est possible qu'un HPI vive une dépression, peine à s'intégrer dans un cadre professionnel et subisse des échecs, ce n'est absolument pas la norme ni un critère définissant.
J'ai donc cherché à trouver d'autres informations qui me permettent de savoir si je corresponds ou non au profil d'un HPI, sachant que certains traits peuvent être faussés par le SA, mais les listes que j'ai trouvées sont éternellement les mêmes.

Alors oui, je me questionne énormément sur tout et rien, et ça depuis petite, je suis très curieuse et j'aime connaître le pourquoi et le comment des choses, j'aime la précision, du moins pour ce qui est de s'exprimer, je suis très observatrice et mes pensées tournent généralement à cent à l'heure, je peine à me vider l'esprit et cela m'empêche de trouver le sommeil, la justice et le respect des règles m'importent énormément, je trouve facilement et rapidement la solution à la plupart des problèmes que je rencontre - mais ce sont rarement des problèmes très complexes -, j'ai un esprit critique et j'aime analyser les choses de façon objective, j'intellectualise énormément, j'aime lire et ai énormément de livres sur de nombreux sujets qui m'intéressent, j'ai d'ailleurs du mal à me focaliser sur un sujet à la fois, j'aime apprendre seule, j'ai énormément d'imagination et j'aime créer, j'ai toujours été forte en mathématique - et en français -, j'ai une grande sensibilité au bruit, à la lumière, aux textures, etc.

Bref, beaucoup de choses peuvent coller...

Mais d'autres ne collent pas du tout...

Comme l'hyperactivité, le besoin constant de changement, la mémorisation rapide (complètement faux pour les sujets qui ne m'intéressent pas), je ne rejette ni n'accepte l'autorité - elle m'indiffère en réalité, ce ne sont que d'autres humains -, je ne suis pas particulièrement perfectionniste - pas dans tous les domaines -, je ne cours pas après les activités ou problèmes complexes, je n'ai pas l'impression que ce que je propose est particulièrement original, etc.

Voilà pourquoi je doute.

En revanche, il est vrai que... Sans prétention aucune... Je me suis très régulièrement retrouvée dans des situations où j'avais l'impression que les personnes qui m'entouraient étaient bêtes... Il m'est arrivé de nombreuses fois d'être déconcertée par l'incompréhension de certaines personnes face à des choses qui me semblaient simples ou logiques. J'avoue ne pas toujours faire preuve de patience quand quelque chose d'évident met énormément de temps à atteindre le cerveau d'une autre personne, etc.
Mais jamais, ô grand jamais, je n'ai pensé une seconde que je puisse être supérieurement intelligente. Au contraire, j'ai toujours pensé être dans la norme. Et que ces autres personnes devaient, quant à elles, être en déficit intellectuel. Aussi nombreuses qu'elles aient pu être (très très... Trop nombreuses)...

Alors oui, quand je suis entourée de personnes qui ne jurent que par ce qu'elles ont regardé à la télévision la veille - et attention, pas un documentaire sur les répercussions de la révolution industrielle sur le XXIe siècle, non, une téléréalité quelconque, nous relatant le débat houleux de deux personnes sur la qualité d'un shampooing ou les histoires de coucheries de tous les protagonistes de l'émission -, des personnes qui passent leur temps à se plaindre et à se prendre la tête pour des motifs inexistants, créés de toute pièce par leur bêtise, des personnes qui, quand elles débattent d'un sujet, ne savent pas argumenter pour défendre leurs idées, qui n'ont pas de vocabulaire, qui ne savent pas exprimer leur avis avec des mots clairs, qui passent leur temps à juger les autres, qui n'ont jamais tenu un livre entre leurs mains, observant les librairies comme des lieux étranges et honteux, etc. oui, dans de tels cas, je dois avouer que je me sens beaucoup plus intelligente.
Mais surtout parce qu'ils me semblent particulièrement limités.
Et ceci dit toujours sans prétention aucune.

En revanche, avec certaines autres personnes plus intellectuelles, je me sens enfin à ma place, je peux discuter sans avoir peur d'utiliser le vocabulaire que je connais et de perdre les gens en route ou qu'on me traite d'intello parce que je commence une phrase par "j'ai lu quelque part...".
Ces personnes sont beaucoup plus rares.

Donc aujourd'hui, je ne sais pas du tout où je me positionne sur la vague des QI. Tout ce que je sais, c'est que j'appréhende énormément me retrouver en dessous de la barre des 100 qui est la moyenne générale, mais également la moyenne de mon pays. Je n'arrive tellement pas à m'imaginer HPI que j'en viens à imaginer une défaillance intellectuelle, alors que je suis consciente d'avoir un niveau intellectuel somme toute raisonnable, que je ne me retrouve pas face à des problèmes que je n'arrive pas à résoudre, que j'arrive à rapidement analyser une situation pour la démêler, mais malgré ça, j'ai peur.

Terriblement peur...


Lire la suite » "Le jour du bilan"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire