Rapports sociaux - #2


Dans l'article précédent, j'évoquais le fait que les rapports sociaux ont toujours été une difficulté pour moi, mettant fin à mes projets et ambitions. J'ai résumé en quoi cela avait pu poser problème pour mes formations professionnelles, mais c'est également un frein énorme pour tout ce qui est idées et envies personnelles. Ou simplement dans les relations en général...

Niveau perso

Il n'y a pas vraiment d'ordre chronologique à ce qui va suivre, ce sont des idées constantes qui tournent, mais n'aboutissent jamais vraiment.

Je dessine, je fais de la photo, je crochète des mini doudous, je fais plein de choses. On me proposait de vendre certaines créations par Internet et j'ai pensé que c'était une bonne idée, que c'était une façon de me faire un peu de sous et que ça m'évitait le contact avec les clients... Oui, mais c'était sans compter toute l'organisation qu'il faut prévoir après coup pour envoyer la commande par la poste, être dans les temps, etc.
Je pense que j'ai eu peur, je ne me suis jamais lancée, pourtant, j'avais fait un site, j'avais écrit l'intégralité des Conditions Générales de Vente, de façon très officielle. J'avais prévu tout un système de classement et de suivi pour les commandes, etc. Mais le simple fait de devoir emballer la commande et aller à la poste l'envoyer, c'était trop. Et non, ce n'était pas de la flemme, car s'il avait suffi de jeter le paquet dans une boîte aux lettres à côté de l'entrée de la poste, je l'aurais fait avec plaisir !

Passionnée pour les souris, je voulais me lancer dans l’élevage, avec des souris saines, de bon caractère. Je voulais éviter la consanguinité, pratique courante même dans l'élevage dit respectueux pour fixer certaines caractéristiques physiques. J'avais tout organisé, le matériel, le budget, l'installation, le type de souris que je voulais reproduire... J'avais deux projets : le projet "flocon de neige" avec des souris crème [rex] aux yeux noirs et le projet "atchoum" avec les souris marten sable et chinchilla (le nom du projet venant de leurs allèles).
Puis j'ai réaliser que ces souris, il faudrait s'en séparer, première difficulté, parce que je m'y serais attachée. Mais surtout, il faudrait que je rencontre des gens, aux expos pour placer des souris et trouver des reproducteurs, mais aussi au moment des adoptions. Il me faudrait chercher des adoptants, etc. Au-delà du côté business autour de l'animal qui a fini par ne pas me plaire, le côté rapport humain à fini de me décourager.

Quand j'ai adopté mon chien... Un peu avant... Non, bien avant d'adopter mon chien, je me suis prise de passion pour la cynologie (éducation, psychologie, langage, comportement, agressivité, développement...). M'informer avant l'adoption me donnais l'impression de déjà avoir mon petit chien, et puis je voulais être bien préparée pour son arrivée, ne pas me laisser surprendre. Et de cette passion est née l'envie de faire valider mes connaissances, et de les partager, aider les adoptants, leur prodiguer les meilleurs conseils qui soit... Mais je me suis vite rendue compte de toute l'organisation que cela représentait, j'ai vite compris qu'il y aurait davantage de contacts humains de canins, et que les gens sont souvent bornés et n'écoutent pas l'éducateur si la réponse ne leur convient pas. Je n'arrive pas à garder mon calme face à quelqu'un qui pense qu'il est juste de brusquer un chien pour lui faire entrer quelque chose dans la tête. Et puis j'étais terrifiée à l'idée de me retrouver dans une situation où je n'aurais pas pu agir, être sans solution... Terrifiant d'être confrontée à des personnes qui attendent de nous qu'on soit "THE" réponse à leurs problèmes. Ou simplement la personne curieuse, qui pose une question, et ne pas avoir de réponse. Je n'ai pas honte de ne pas savoir, on ne peut pas tout savoir. Mais dans un cadre professionnel, je sais que c'est généralement mal vu. Et je n'aime pas ce jugement de valeur que peuvent porter les gens sur soi.

J'avais envie de me remettre un peu en forme, faire du sport, de l'aquagym, du vélo, de la marche, qu'importe. J'ai toujours dit que j'avais besoin de quelqu'un pour me motiver, pour me donner des coups de pieds au cul pour que je fasse les choses. Mais j'ai fini par prendre conscience que la motivation, je l'ai, je manque uniquement d'organisation pour faire ça seule chez moi et que pour m'inscrire dans une salle de sport, un cours de yoga ou prendre un abonnement piscine, j'avais besoin d'une personne de référence. J'ai pourtant tenté de m'inscrire au petit fitness qui se trouvait juste deux étages en dessous de notre ancien appartement, quand nous y habitions encore. Je n'avais qu'à prendre l'ascenseur. Et je l'ai fait ! Pendant une semaine, chaque matin. J'étais terriblement mal à l'aise de voir à quel point je ne m'intégrais pas aux autres femmes. Évidemment, on me dira que ce n'est pas en une semaine qu'on crée des liens, mais là c'était au-delà de ça. J'essayais de parler, d'échanger, parler choucroute et kilos en trop, comme elles, mais ça ne passait pas. Je ne devais pas savoir m'y prendre - sans personne de référence.
Alors même s'il y a certainement une part d'aide à la motivation dans l'idée de faire une activité physique avec une autre personne (et pas n'importe qui non plus...), je pense qu'il y a une grande part de peur d'y aller seule et me retrouver sur place à ne pas savoir comment faire. Me sentir obligée de discuter sans le vouloir vraiment, mais sans non plus oser rester seule comme je le souhaiterais...

J'ai souvent envie de faire des choses avec des gens, je n'aime pas forcément la solitude non-stop non plus, mais la raison pour laquelle je n'organise pas pour autant d'activités ou de rencontres avec des gens malgré ça, c'est que si j'organise quelque chose avec des gens, il va falloir parler, échanger, discuter, et je n'en ai pas envie. Je veux me balader en forêt et ne pas parler, ou peu, ou pas vraiment. Un mot de temps en temps, c'est suffisant, oser créer un silence de temps à autre. Mais les gens semblent terrifiés par les silences au point de vouloir tous les combler. Au point même qu'en leur compagnie, j'ai tendance à faire pareil, malgré moi... Je me déteste dans ces cas-là !

Je n'ai jamais particulièrement souhaité de contact avec mes voisins, c'est aussi une des raisons qui fait que j'aimerais vivre dans une petite maison isolée... Je ne veux pas forcément m'isoler de la société, des cinémas et des librairies... Je veux juste m'isoler du bruit de la ville, de la foule constante et de devoir saluer des voisins quand j'en croise.
Quand je sors de chez moi, je ne veux pas devoir dire bonjour, je ne veux pas non plus risquer qu'on me demande comment je vais ou comment va mon mari, ma fille, mon chien... Je ne veux pas qu'on me reproche poliment et avec le sourire que la haie est mal taillée et qu'elle dépasse sur leur territoire, je ne veux pas devoir me contenir de leur dire leurs quatre vérités, ou à l'inverse, les apprécier, mais craindre que cette apparente sympathie se transforme en invitation à manger à la maison...
Alors j'évite tout contact.

Et du coup, non, ce n'est pas moi qui passe le coup de téléphone pour commander la pizza, c'est encore moins moi qui ouvre la porte au livreur. Quand je peux laisser mon mari dire à ma place le plat que j'ai choisi au restaurant, je le laisse faire et quand j'ai terminé ma boisson, je lui demande comme une enfant s'il peut me recommander un verre.

Quand je suis obligée de passer un coup de téléphone, je n'aime pas avoir de public. Je préfère être seule sinon ça me stresse, ce qui parfois me fait repousser la tâche à plusieurs jours plus tard, car, par exemple, un jour j'aurai la visite de ma maman, le lendemain je serai occupée toute la journée, le surlendemain revisite de ma maman et enfin, le sursurlendemain seulement, je pourrai appeler car enfin seule.

Mais il faut que j'apprenne à prendre sur moi, j'ai des envies, des projets, des besoins... Maintenant que j'ai pu mieux définir quel était et d'où venait le problème, je pense qu'il me sera plus facile - il me faudra encore un peu de temps, mais... - de me lancer.

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